DE LA
GOURMANDISE
J’ai parcouru les dictionnaires au mot Gourmandise, et je
n’ai point été satisfait de ce que j’y ai trouvé. Ce n’est qu’une confusion
perpétuelle de la gourmandise proprement dite avec la gloutonnerie
et la voracité : d’où j’ai conclu que les lexicographes, quoique
très estimables d’ailleurs, ne sont pas de ces savants aimables qui embouchent
avec grâce une aile de perdrix au suprême pour l’arroser, le petit doigt en
l’air, d’un verre de vin de Lafitte ou du Clos-Vougeot. […]
Définissons don et entendons-nous.
La gourmandise est une préférence passionnée, raisonnée et
habituelle pour les objets qui flattent le goût.
La gourmandise est ennemie des excès ; tout homme qui
s’indigère ou s’enivre court risque d’être rayé des contrôles.
La gourmandise comprend aussi la friandise qui n’est autre que la
même préférence appliquée aux mets légers, délicats, de peu de volume, aux
confitures, aux pâtisseries, etc. C’est une modification introduite en faveur
des femmes et des hommes qui leur ressemblent.
Sous quelque rapport qu’on envisage la gourmandise, elle ne mérite
qu’éloge et encouragement.
Brillat-Savarin, Physiologie du
goût
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