vendredi 1 mai 2020

Les incipit de Colette (5)

pour donner envie d'aller plus loin...


On répète en costumes, à l’X…, une pantomime que les communiqués prévoient « sensationnelle ». Le long des couloirs qui fleurent le plâtre et l’ammoniaque, au plus profond de l’orchestre, abîme indistinct, circulent et se hâtent d’inquiétantes larves… Rien ne marche.
Music-Halls
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Dix heures et demie… Encore une fois je suis prête trop tôt. Mon camarade Brague, qui aida mes débuts dans la pantomime, me le reproche souvent en termes imagés :
 « Sacrée graine d’amateur, va ! T’as toujours le feu quelque part. Si on t’écoutait, on ferait son fond de teint à sept heures et demie, en brifant les hors-d’œuvre… »
La Vagabonde
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Il semble parfois que l’on naisse. On regarde. On distingua alors une chose dont le dessous des pieds a l’air d’un as de pique. La chose dit : oua-oua. Et c’est un chien. On regarde à nouveau. L’as de pique devient un as de trèfle. La chose dit : pffffffff. Et c’est un chat.
Douze dialogues de bêtes, préface de Francis Jammes.
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A l’heure où l’homme déchire l’homme, il semble qu’une pitié singulière l’incline vers les bêtes, pour leur rouvrir un paradis terrestre que la civilisation avait fermé. La bête innocente a le droit – elle seule – d’ignorer la guerre.
La Paix chez les bêtes
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« Chat sacré ! Chat du Siam ! Chat royal !... » C’est bientôt dit. Là-dessus on ne me nourrit que de riz et de poisson. Le poisson est une bonne chose. Mais toujours du poisson et du riz, du riz et du poisson… Croient-ils que mes origines siamoises, peut-être aussi ma religion, me défendent de manger comme tout le monde ? Si je les écoutais…
Autres bêtes

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