mardi 14 avril 2020

Borges, à lire d'abord en espagnol pour l’allitération en « r » et « rr », et pour la beauté de la première phrase…



Arrasado el jardín, profanados los cálices y las aras, entraron a caballo los hunos en la biblioteca monástica y rompieron los libros incomprensibles y los vituperaron y los quemaron, acaso temerosos de que las letras encubrieran blasfemias contra su dios, que era una cimitarra de hierro. Ardieron palimpsestos y códices, pero en el corazón de la hoguera, entre la ceniza, perduró casi intacto el libro duodécimo de la Civitas Dei, que narra que Platón enseñó en Atenas que, al cabo de los siglos, todas las cosas recuperarán su estado anterior, y él, en Atenas, ante el mismo auditorio, de nuevo enseñará esa doctrina.
Jorge Luis Borges, El Aleph, Los Teólogos

Le jardin dévasté, les calices et les autels profanés, les Huns entrèrent à cheval dans la bibliothèque du couvent, déchirèrent les livres incompréhensibles, les abominèrent et les brûlèrent, craignant peut-être que les lettres ne recelassent des blasphèmes contre leur dieu, qui était un cimeterre en fer. Palimpsestes et codex brûlèrent, mais au cœur du bûcher, au milieu de la cendre, demeura presque intact le livre douzième de la Civitas Dei, qui rapporte que Platon enseigna à Athènes qu’à la fin des siècles toutes choses reprendront leur état antérieur, et que lui, à Athènes, devant le même auditoire, enseignera de nouveau cette doctrine.
Borges, Les Théologiens, traduction René L. F. Durand

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