Borges, à lire d'abord en espagnol pour l’allitération en « r » et « rr », et pour la beauté de
la première phrase…
Arrasado el jardín,
profanados los cálices y las aras, entraron a caballo los hunos en la
biblioteca monástica y rompieron los libros incomprensibles y los vituperaron y
los quemaron, acaso temerosos de que las letras encubrieran blasfemias contra
su dios, que era una cimitarra de hierro. Ardieron palimpsestos y códices, pero
en el corazón de la hoguera, entre la ceniza, perduró casi intacto el libro
duodécimo de la Civitas Dei, que narra que Platón enseñó en Atenas que,
al cabo de los siglos, todas las cosas recuperarán su estado anterior, y él, en
Atenas, ante el mismo auditorio, de nuevo enseñará esa doctrina.
Jorge Luis Borges, El Aleph, Los Teólogos
Le jardin dévasté, les calices et les autels profanés, les
Huns entrèrent à cheval dans la bibliothèque du couvent, déchirèrent les livres
incompréhensibles, les abominèrent et les brûlèrent, craignant peut-être que
les lettres ne recelassent des blasphèmes contre leur dieu, qui était un
cimeterre en fer. Palimpsestes et codex brûlèrent, mais au cœur du bûcher, au
milieu de la cendre, demeura presque intact le livre douzième de la Civitas
Dei, qui rapporte que Platon enseigna à Athènes qu’à la fin des siècles
toutes choses reprendront leur état antérieur, et que lui, à Athènes, devant le
même auditoire, enseignera de nouveau cette doctrine.
Borges, Les
Théologiens, traduction René L. F. Durand
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