J’en fais volontiers l’aveu : j’ai toujours été attiré par
les quartiers riches. […]
Je descends à l’Etoile.
Oui, j’aime les vastes et longues avenues qui partent de l’Arc de
triomphe, ou qui y aboutissent ; j’aime leurs noms. Il souffle continûment
par là une brise de gloire et d’éternité qui ne vient pas dans nos rues où l’on
prend, petit à petit, l’habitude de regarder les hommes et les choses par le
gros bout de la lorgnette. C’est ce qui nous fait le plus défaut : une
certaine ampleur de vue, une certaine élévation de caractère et aussi un
certain sens historique. On dirait que nous ne pouvons nous retenir de ramener
les événements et leurs causes à notre taille et à notre entendement ;
nous sommes de petites gens, en vérité.
S’il nous était permis de nous installer à demeure dans ces
quartiers élégants, peut-être, dans cette climature, deviendrions-nous
rapidement des personnes présentables. Je crois au tellurisme. Nous finirions
par acquérir des pensées neuves et bourgeoises, correctes pour le moins, comme
sur mesures, au lieu de ces idées de confection que nous portons.
Henri Calet, Les Grandes largeurs
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire