mercredi 22 avril 2020



J’en fais volontiers l’aveu : j’ai toujours été attiré par les quartiers riches. […]

Je descends à l’Etoile.
Oui, j’aime les vastes et longues avenues qui partent de l’Arc de triomphe, ou qui y aboutissent ; j’aime leurs noms. Il souffle continûment par là une brise de gloire et d’éternité qui ne vient pas dans nos rues où l’on prend, petit à petit, l’habitude de regarder les hommes et les choses par le gros bout de la lorgnette. C’est ce qui nous fait le plus défaut : une certaine ampleur de vue, une certaine élévation de caractère et aussi un certain sens historique. On dirait que nous ne pouvons nous retenir de ramener les événements et leurs causes à notre taille et à notre entendement ; nous sommes de petites gens, en vérité.
S’il nous était permis de nous installer à demeure dans ces quartiers élégants, peut-être, dans cette climature, deviendrions-nous rapidement des personnes présentables. Je crois au tellurisme. Nous finirions par acquérir des pensées neuves et bourgeoises, correctes pour le moins, comme sur mesures, au lieu de ces idées de confection que nous portons.
Henri Calet, Les Grandes largeurs

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