Les Incipit de Colette (4)
Pour donner envie de lire la suite...
La chatte grise et ravie que je fasse du théâtre. Théâtre ou
music-hall, elle n’indique pas de préférence. L’important est que je
disparaisse tous les soirs, la côtelette avalée, pour reparaître vers minuit et
demi, et que nous nous attablions derechef devant la cuisse de poulet ou le
jambon rose… Trois repas par jour au lieu de deux !
La
Guérison
*
Il m’arrive souvent de rencontrer Claudine. Où ? vous n’en
saurez rien. Aux heures troubles du crépuscule, sous l’accablante tristesse
d’un midi blanc et pesant, par ces nuits sans lune, claires pourtant, où l’on
devine la lueur d’une main nue, levée pour montrer une étoile, je rencontre
Claudine…
Le Miroir
*
La dame qui allait chanter se dirigea vers le piano, et je me
sentis tout à coup une âme féroce, une révolte concentrée et immobile de
prisonnier. Pendant qu’elle fendait difficilement les jupes assises, sa robe
collée aux genoux comme une onde bourbeuse, je lui souhaitais la syncope, la
mort, ou même la rupture simultanée de ses quatre jarretelles. Il lui restait
encore quelques mètres à franchir ; trente secondes, l’espace d’un cataclysme…
La Dame
qui chante
*
Ce doux pays, plat et blond, serait-il moins simple que je l’ai
cru d’abord ? J’y découvre des mœurs bizarres : on y pêche en
voiture, on y chasse en bateau…
En Baie de
Somme
*
Vendredi. – Marthe dit : « Mes enfants, on va pêcher
demain à la Pointe !... Café au lait pour tout le monde à huit heures.
L’auto plaquera ceux qui ne seront pas prêts ! » Et j’ai baissé la
tête et j’ai dit : « Chouette ! » avec une joie soumise qui
n’exclut pas l’ironie.
Partie de
pêche
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