La chloroquine, déjà , en M. DCC. XXII.
Je ne crains pas de vous proposer, Monsieur, jusqu’à mes
conjectures ; mais je vous supplie de remarquer qu’elles ne roulent que
sur des remedes, qui n’ont rien de ces drogues fatales dont on se permet trop
volontiers l’usage en matiere de peste, ou pour la guerison de grandes
maladies : ce sont d’ailleurs des alterants que je propose, calmants
de leur nature, lesquels par consequent ne laissent rien à appréhender de ces
troubles désolants qui suivent trop souvent l’usage des évacuants de
telle espece qu’ils soient.
Avec cette précaution j’ai l’honneur de vous proposer l’étonnement
où vous serez, Monsieur, je m’assûre, comme moi, quand vous y aurez fait
attention ; c’est sur l’oubli où l’on paroît jusqu’à present avoir été
touchant l’usage du quinquina donné d’abord pour la guérison de la
peste. Toute la Medecine est aujourd’hui convaincuë de la vertu merveilleuse
& prompte de ce remede pour guérir les fiévres ; l’on en a étendu
l’usage aux fiévres continuës : & un grand Medecin d’Italie vient de
faire voir sa vertu specifique pour guerir en peu d’heures des fiévres
intermittentes, malignes au point de tuer le malade vers le troisiéme
accès : deux autres Praticiens celebres en Angleterre avoient avant lui
montré l’usage du quinquina pour la guérison de ces fiévres affreusement
malignes, qui surviennent quelquefois après la suppuration des petites veroles confluentes :
n’est-ce point une avance déja faite pour l’usage de ce remede dans des cas
perilleux & promts qui laissent peu de temps au Medecin pour se
reconnoître ? La peste est de ce genre ; et quoiqu’on en publie,
c’est une fièvre maligne autant au-dessus des fiévres malignes ordinaires, que
ces fiévres malignes sont au-dessus des fiévres continuës. Quel inconvenient
donc pourroit-t’il y avoir à donner courageusement ce remede à la maniere de M.
Torti, en y mêlant peut-être le nitre ou l’opium même, ou
peut-être tous les deux, l’un pour combattre l’ardeur du sang, l’autre pour
hâter l’effet du remede ? Un pareil essai tiendroit-t’il de l’empirisme ?
ne seroit-ce pas plutôt une pratique à autoriser depuis que les relations nous
apprennent que l’on a vû dans ces dernières pestes des malades à qui le quinquina
avoit été utile, parce qu’enfin la peste dont ils étoient attaquez avoit
dégeneré en fièvre continuë accompagnée de redoublemens. Ceci est du moins une
pensée que des Medecins occupez du progrès de leur art, peuvent
s’entre-communiquer, surtout sur une matiere si interessante & sur laquelle
la Medecine paroît un peu en retard.
Traité de la peste, par un
Medecin de la Faculté de Paris (Hecquet), à Paris, rue S. Jacques, chez
Guillaume Cavelier fils, 1722, p. 112 à 115.
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