Epidémie et gestes barrières
C’est encore une maniere de se préserver de la peste que
d’en faire promptement exhaler le venin, & pour cela on se gardera bien de
tenir fermées les maisons ou les fenêtres des lieux infectez ; car il ne
faut pas faire avec la contagion comme avec le tonnere, il faut tout ouvrir,
afin que le venin étant mis au grand air perde sa force et se dissipe ; car
il ne faut point oublier que ce venin consiste souvent dans une très petite
portion d’air, à la verité, malignement modifié, mais cependant d’une vertu
bornée qui s’affoiblit par consequent & qui se perd dans une grande étenduë
d’air, dont l’élasticité superieure à celle d’un atome d’air, absorbe celle-ci,
la concentre & la met au neant.
Cependant on tiendra les ruës de la Ville bien nettes,
souvent balaïées, pour changer souvent l’air, & souvent baignées d’eau,
pour tenir toûjours l’air frais, & chaque particulier se lavera les mains
tous les jours avec du vinaigre, il s’en frottera les narines et les temples,
il en boira même si on le trouve necessaire. Tout autre remede est presque
illusoire ou dangereux, si l’on en excepte cependant les amuletes, lesquels
formant autour de chaque particulier une atmosphere propre, mettent dans
l’air lui-même un préservatif en même temps qu’ils feront de cet air ainsi
modifié, une garde autour de chaque corps. Mais ces amuletes ne doivent
jamais être d’odeurs trop douces ou amollissantes, mais avoir au contraire
quelque chose de fort, de mâle & de confortant ; le camphre, le
citron & l’ail sont en réputation et ils la méritent. Les fumigations
domestiques ou faites dans l’interieur des maisons, ne seront point à négliger,
faites surtout avec le vinaigre versé sur des briques ardentes, ou bien avec le
soufre, la poudre à canon, &c.
Traité de la peste, par un
Medecin de la Faculté de Paris (Hecquet), à Paris, rue S. Jacques, chez
Guillaume Cavelier fils, 1722, p. 55 à 57.
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